Suzon, c'était le nom qui résonnait contre un tympan pour s'oublier dans un esprit. Suzon, c'était le feu-follet tout en douceur connu de tous mais qui ne cessait de disparaître des esprits. Ombre multicolore au sourire un peu trop joyeux, un peu trop mystérieux, le genre de fille que t’exècres, détournement du regard et haussement des sourcils contre apesanteur d'une joie trop profonde, trop envahissante. Elle est jolie Clarkson, elle est gentille, Clarkson. A trop en entendre parler, t'as fini par la détester, habitude de mauvais sentiments naissants quand une chose devient trop coutumière, trop parfaite. Elle fut ta première fois. Le déclencheur de toute ta noirceur, l'expérience qui te permit de découvrir ton deuxième don abruptement, désespérément. Tu l'en aurais frappé, tu aurais pu la tuer, quand d'une simple anicroche toute sa douleur déferla dans ton corps, te plaquant par terre, anesthésiant ton esprit. Insultes qui s'échappent, sentiments au bord des lèvres, poison qui déferlent quand tu ne peux t’empêcher de laisser percer ta colère, t'es le genre impétueux qui blesse avec facilité. Tu t'en es un peu voulu, plus tard, en te remémorant le regard placide de la jeune femme, sans larmes ni douleur, sans jugement ou condescendance. Profond, mortellement sérieux, les pupilles d'une fille trop intelligente pour se laisser prendre à ton petit jeu, pour se laisser atteindre par des choses qui ne la regarde pas, ton propre égocentrisme compris. La vérité, c'est qu'elle t'es reconnaissante, Suzon. Qu'elle ne te comprend pas, qu'elle se braque face à tes airs supérieurs, quand elle essaie vainement de te remercier. Quand elle prend la mauvaise habitude de s'installer dans ton canapé, entre les piles de jeux vidéos, des heures durant, et que tu ne t'en rends pas compte. Quand elle t'observe, indéfiniment, quand personne d'autre ne te voit, quand t'espionnes toute l'école derrière ton écran, quand les téléphones te vrillent la tete et que la radio tamponne ton front d'un millier d'information. Au final, elle te connait peut-etre mieux que personne, la naïve Suzon, mais tu n'en a strictement aucune conscience; Cette fille, tu ne peux t’empêcher de l’assimiler à ta propre kryptonite.